Bibliotheque Islam de Guyane, Cayenne

c'est un paradi pour les lecteursOn sait les paradoxes dont la bibliothèque publique est porteuse : maison du livre qui arbore les couleurs du multimédia, lieu de mémoire tourné vers la modernité, source de lecture où on lit peu, maison commune où se rassemblent des individus singuliers... La bibliothèque est, on l'a souvent souligné, un objet social plurivoque [1] – de plus, à la conjonction entre sphère publique et sphère privée. La bibliothèque est dévolue à une pratique culturelle personnelle, voire intime : la lecture. Mais la lecture est aussi un outil dans la transmission du savoir et dans l'apprentissage de la raison (de l'esprit critique, de l'indépendance intellectuelle). C'est parce que la lecture n'est pas seulement une pratique privée, enfermée sur son propre secret, mais aussi le gage et la porte de l'accès au savoir et de l'exercice public de la raison, que les maisons du livre et de la lecture – c'est-à-dire les bibliothèques – sont des enjeux dans la vie de la cité. Plus récemment, c'est l'irruption de la documentation électronique qui a posé à nouveau la question de la nécessité des bibliothèques. Puisque, dit-on, tout (toute l'information, tout le savoir, tout le patrimoine, toutes les idées, les pensées, les opinions, etc.) est accessible depuis partout, à quoi bon préserver, développer, faire évoluer ces établissements d'un autre âge que sont les bibliothèques ? La mort (souvent annoncée) des bibliothèques est un exercice rhétorique au même titre que la mort du livre et, en même temps, un objet d'angoisse, voire de scandale. Qu'on se rassure : les bibliothèques ne vont pas mourir. En voici quatre raisons.